I AM KLOOT



Natural History


la guitare sèche : le renouveau de la pop anglaise

Wall of Sound


Il est des groupes dont la découverte est une véritable révélation. I Am Kloot fait partie de ceux-là. Entendu pour la première fois au Festival de la Route du Rock 2001, I Am Kloot m'a littéralement envoûtée. Trio basique à priori ordinaire - guitare acoustique, basse et batterie - I Am Kloot est en fait un combo différent dont la simplicité est aux antipodes des poseurs de la pop anglaise traditionnelle. Fort de chansons à la fois rustiques et raffinées, mélange de folk, jazz et blues, voilà enfin un groupe qui ne compte que sur sa musique pour impressionner ses auditeurs.

Car I Am Kloot, ce sont d'abord trois joyeux lurons nature, drôles et spontanés qui visiblement s'entendent à merveille. Durant leur conférence de presse au Festival de la Route du Rock 2001, une demi-heure ponctuée d'éclats de rires et de plaisanteries vis-à-vis de l'animateur et des conférenciers, John Branwell, songwriter et leader du groupe, explique qu'après avoir roulé sa bosse façon Jack Kerouac à Paris, Athènes et San Francisco, c'est dans un bar de Manchester qu'il a rencontré Peter Jobson, le bassiste. Après avoir booké des groupes pour des concerts deux années durant, les compères consentent à unir leurs talents de compositeur. A l'époque, John préférait jouer seul. «Je ne voulais pas faire partie d'un groupe. Je ne voulais pas de batteur. Je trouvais qu'ils massacraient toujours les chansons, jusqu'à ce que je rencontre Andy (Hargreaves).»

Signé tout d'abord chez un petit label mancunien dénommé Ugly Man Records puis chez We Love You, division de Wall of Sound, le groupe, affublé d'un patronyme à dormir debout, enregistre rapidement et sans gros moyens un premier recueil de 12 petites perles intitulé «Natural History» sorti en mars 2001. Des chansons élégantes, dépourvues de toute fioriture, des ballades touchantes, des mélodies épurées et entêtantes, une voix cassée et profonde, des histoires d'amour amères, des réflexions troublantes voire terribles. Des textes de ses chansons, John admet volontiers qu'ils sont obscurs et difficiles : «Beaucoup de gens ne comprennent rien à nos chansons. Elles sont denses en termes de paroles, d'images et d'argots. Lorsqu'on joue à l'étranger, c'est un vrai challenge, ça nous oblige à développer plus d'énergie pour toucher le public.»

Sur scène, on retrouve la même simplicité qu'à la ville ou sur l'album. Assis sur une chaise, Peter Jobson chatouille sa basse, les yeux fermés et le cou tendu de plaisir tandis qu'Andy Hargreaves effleure sa batterie. John Branwell, la jambe gauche surélevée par un cube, gratte sa guitare sèche et interprète magnifiquement une dizaine de titres. L'ambiance sur scène est hyper relax, le public attentif. Entre chaque chanson, le petit bonhomme plaisante et exhorte les réactions de son auditoire. Ici, il interpelle un fan présent à chaque concert. Là, il incite les festivaliers à leur balancer des trucs et, comme pour commencer le chahut, sort d'un grand sac plastique un avion-maquette décoré d'autocollants «I Am Kloot» qu'il lance dans la foule et un pistolet à eau qui servira à rafraîchir les premiers rangs. Ravi de la réceptivité du public, les trois gars sourient. Peter ne quittera pas la scène sans prendre quelques photos-souvenir avec un improbable appareil-photos jetable. Quant à John, il reviendra seul sur scène pour nous ravir d'un inédit en rappel.

Maryse LALOUX

For
PRESTO! #54 (Nov 2001) Fan et Webzine Rock du Grand Nord, http://www.presto.presse.fr


[Back to Home]